Le modèle du groupe dans le jeu de rôle (part 2/2)

Préambule : Cette mini série d’article m’a été commandé au début des années 2000 par un ami qui travaillait pour un portail RH. L’idée était très ludique et consistait à faire le lien entre Jeu de Rôle et Management. On ne peut pas dire que les choses soient d’une rigueur absolue car elles ne s’appuient pas sur une étude socio psychologique approfondie mais sur ma propre expérience de joueur et de manager. Ainsi, tout cela est sans prétentieux et c’est surtout le point de vue, pour son originalité, qui faut retenir.

Vous trouverez une description plus exhaustive du jeu de rôle aux URL suivantes : http://www.ffjdr.org/jdr/definitions/

Le Manager "Meneur de jeu"

LE MANAGER DE GROUPE DE PROJET

Les organisations privilégient de plus en plus les structures de projet transverse. Dans un tel contexte, le

Manager ne peut plus être Leader. En effet, l’équipe étant par nécessité multi disciplinaire, le manager ne pourra pas maîtriser toutes les compétences mises en jeu. Par ailleurs, de telles équipes auront des attentes spécifiques vis-à-vis de leur manager que n‘auront pas des groupes évoluant dans une organisation hiérarchique composée fonctionnellement.

Dans des conditions si peu orthodoxes, le manageur n’est-il pas confronté à des problématiques propres au Meneur de Jeu durant une partie de Jeu de Rôle, en véritable gestionnaire d’humanité ?

LE MENEUR DE JEU DANS LE JEU DE RÔLE

Dans un précédent article, nous décrivions une partie de jeu de rôle mettant en scène deux types de personnes : Le Groupe des Personnages interprétés par les Joueurs, et le Meneur de Jeu.
Ce dernier est l’interface qui va permettre aux Joueurs de vivre leurs péripéties. Dans ce cadre, ses prérogatives sont considérables puisqu’il est le démiurge d’un univers qu’il maîtrise.
Mais ce rôle requiert des qualités et des compétences qui ne sont pas habituellement associées à l’exercice du pouvoir.

L’EVALUATION DES EQUIPES ET DES MISSIONS

Le premier élément que le Meneur de Jeu va devoir manipuler est le choix des aventures (ou Missions). En fonction des compétences des Personnages, il choisira une Mission en adéquation avec leur niveau.

La capacité du Meneur de Jeu à évaluer à la fois la difficulté globale de la Mission et les compétences des Personnages est primordiale. En effet, une Mission trop facile serait rapidement source d’ennui tandis qu’une Mission trop difficile n’aboutirait qu’au désarroi des Joueurs.

FAVORISER L’EVOLUTION DU GROUPE

Ce premier écueil passé, le Meneur de Jeu doit faciliter l’évolution des Personnages. Et si les Joueurs sont, bien sûr, force de proposition, c’est lui qui va arbitrer et guider les choix.

D’autre part, le Meneur de Jeu effectuera un bilan pour chacun des Personnages. A cette occasion, il devra valoriser aux yeux de chacun le parcours effectué personnellement au cours de la Mission.

TEMPORISER ET GERER LE « RETOUR AU REEL »

Dernier point, et non des moindres, c’est au Meneur de Jeu qu’il revient de « ramener au réel » les éventuels Joueurs trop investis dans leur Personnage. Une Mission exaltante et des perspectives d’évolution importantes peuvent griser un Joueur, risquant ainsi de le déconnecter de sa propre personnalité pour s’investir totalement dans son rôle.

Une telle situation peut aboutir à de véritables catastrophes. Le Meneur de Jeu doit alors les anticiper et rappeler aux Joueurs que leur cadre personnel dépasse largement les limites de leur Mission. Ce point nécessite une vision perspicace du « quand la limite risque-t-elle d’être franchie ? ».

MANAGER, UN GESTIONNAIRE D’HUMANITE

Comme, on le voit, le Meneur de jeu ou le Manager n’est pas réellement un Leader, (le Groupe aura de lui-même généré son propre leader), mais plutôt une sorte de mentor, de garde-fou qui doit pouvoir en permanence évaluer les compétences, les potentialités et les risques personnels concernant ses collaborateurs.

Ce sont les capacités de « gestionnaire d’humanité » du Manager qui sont finalement utilisées dans ce contexte. Ainsi, la compréhension subtile de ses collaborateurs lui permettra d’augmenter à la fois la productivité des équipes mais aussi la satisfaction personnelle de leurs membres.